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"Le kobudo d'Okinawa"

 

Le kobudo, tout comme le karaté, prend ses origines dans l’archipel des Ryükyü sur l’île d’Okinawa. Bien qu’il ait existé des méthodes de combat antérieures, le kobudo semble naître au cours du XVème siècle. Au début de ce siècle l’archipel des Ryukyus était un état vassal de la Chine à qui elle avait prêté allégeance lors du siècle précédent. Ceci permit à plusieurs familles chinoises de s'installer sur l’île et d’y introduire les bases de certains arts du sud de la Chine. Avant 1429 l’île était divisée en trois grandes provinces Chuzan, Okuzan et Nazan.

 

C’est en 1429 que les 3 puissances de l’île s’unirent pour ne former plus qu’un seul royaume  sous la direction du roi Sho Hashi. Le nouveau climat de paix et la situation géographique de l’île en firent une plaque tournante du commerce maritime d’Asie du sud-est, et on y retrouvait des commerçants issus de nombreux pays tel le Japon, la Chine, l’Inde, la Malaisie, la Thaïlande… Ceci permit, entre autres, un mélange des cultures et vraisemblablement certains échanges sur le plan des arts martiaux.

 

Pour préserver ce climat de paix et le nouvel âge d’or de son royaume mais aussi éviter toute révolte, le roi Sho Shin fit interdire les armes et les confisqua à son peuple. Cette décision amena les habitants à chercher d’autres moyens pour se défendre. Les nobles créèrent le karaté qui sera durant longtemps l’apanage de leur caste tandis que le peuple dut apprendre à utiliser ses outils pour se défendre.

 

 Si aujourd’hui le tonfa, le nunchaku, le bâton… et tout ce qui est utilisé dans le kobudo est considéré comme une arme par nature, à l’époque tous ces objets étaient avant tout des outils de la vie quotidienne que les habitants portaient sur eux (la majorité étant des pêcheurs ou agriculteurs). De plus bien que le pays fut en paix, il était régulièrement la cible de pillards et pirates notamment japonais du fait de sa situation géographique et de sa réussite commerciale.

 

Pour plus d'informations voir la section karaté.

L'origine du Kobudo, l'âge d'or d'Okinawa

Le développement mitigé

L’âge de l’art populaire
Le pays continua de prospérer jusqu’en 1609, année lors de laquelle le clan Satsuna vint envahir l’île. Cette invasion ne fut pas un évènement anodin. En effet, en 1603 Ieiatsu Tokugawa réussit à unir le Japon suite à la victoire lors de la bataille de Sekigahara en 1600, cependant le clan Satsuna gardait une certaine animosité vis-à-vis du shogun. Ainsi ce dernier les envoya conquérir l’île non seulement pour que le Japon dispose de cet emplacement stratégique, mais aussi pour canaliser l’animosité du clan qui avait déjà des vues sur l’archipel. Suite à l’invasion, le clan Satsuna réitéra l’interdiction du port d’armes. Il est aussi dit que ce dernier confisqua un grand nombre d’outils métalliques de manière à s’approvisionner en fer.

 

Cette seconde interdiction permit un second essor du kobudo. En effet les habitants avaient besoin de pouvoir se défendre contre l’occupant japonais. Il est de plus fortement envisageable que le kobudo doive une partie de son essor au sentiment antijaponais de l’époque.  Ceci amena la kobudo à se développer au sein du peuple okinawaïen tout en restant méprisé par les japonais qui jugeaient cet art inférieur.

 

 

Déclins et renaissances de l’art

Suite à la restauration Meiji en 1868, la pratique martiale est relativement mal vue des autorités car dépassée à l’heure de la nouvelle armée japonaise basée sur le modèle occidental. L’art réussit cependant à survivre auprès de quelques maitres. C’est dans le début du XXème siècle que le kobudo réussi à ré-intéresser une part de la population japonaise et ce avant l’avènement du karaté. Cet art était en effet perçu comme exotique car venant d’Okinawa qui bien qu’étant une préfecture du Japon était considérée comme étrangère.

 

Suite à la seconde guerre mondiale et à la destruction de l’île, ce furent les GI américains qui furent à l’origine d’un renouveau de la discipline. Ces derniers apportèrent aux Etats Unis les premières bribes de cet art ainsi que le karaté lors de leur retour au pays. Cet art provoqua un certain intérêt auprès de la population ce qui amena les experts okinawaïens à s’organiser en un certain nombre   de  fédérations rivales.

 

Une de ces fédérations fut fondée en 1970 par Maître Shinpo Matayoshi qui est certainement l’un de plus grand maitre de kobudo de l’époque moderne. Cette fédération nommée à l’origine l'Association de Kobudo des Ryu-Kyu deviendra un an plus tard la Fédération de Kobudo d’Okinawa. Son importance dans la diffusion du kobudo fut telle qu’il reçut le titre de « trésor impérial vivant ». il décèdera en 1997.

 

Aujourd’hui bien qu’il soit possible de pratiquer un peu partout dans le monde le kobudo comme un art indépendant, ce dernier est bien souvent pratiqué comme un auxiliaire au Karaté.

 

Le nunchaku, le tonfa, le sai… dans notre société occidentale actuelle, chacun de ses objets est considéré comme une arme par nature. Cependant ces armes étaient à l’origine des outils utilisés par les paysans et pêcheurs d’Okinawa pour se défendre face aux sabres des pirates et des envahisseurs. Cet art a une autre particularité: celle de s’être créée entièrement autour d’un système comprenant presque exclusivement des armes par destination, mais chacun de ces outils est aussi dangereux qu’un sabre entre les mains d’un expert du kobudo.

Histoire

Pratique

Généralités sur les armes.

Le kobudo d’Okinawa semble avoir eu pour principale origine la prohibition des armes à partir du XVIème siècle et s’étant prolongé suite à l’invasion par les japonais. Dès lors, il semble évident qu’une pratique martiale avec des armes classiques soit difficilement envisageable. Cependant, pour se défendre des pillards japonais, les okinawaiens durent mettre en place un système de défense pouvant faire face à des combattants usant d’armes. Il en résulte un système basé sur des outils agraires et de pêche qui deviendra le kobudo d’Okinawa.

 

Si aujourd’hui les armes du kobudo nous semblent être des armes à part entière, car elles ne pourraient pas être transportées « dans la rue » sans attirer l’attention, à l’époque ces outils étaient très utilisés sur l’île par les nombreux pécheurs et petits agriculteurs. Ainsi le kama (sorte de faucille), le nunchaku et le suburie (la houe) pouvaient être transportés sans éveiller l’attention. De même la machette (Seiryuto) pouvait être transportée sans problèmes par certains agriculteurs voire par les pêcheurs car elle permettait de couper les cordages.

 

Il semble cependant qu’à ces outils se soient ajoutées des armes à part entière qui, elles, allaient clairement à l’encontre de la prohibition des armes.  La première de ces armes et le chimbe qui est un petit bouclier rond en bois ou en carapace de tortue mais parfois en fer. Les autres armes sont en général des armes pouvant facilement être dissimulées tel le tekko (sorte de poing américain à l’origine en bois)

 

Les armes utilisées

Les armes étudiées dans le kobudo d’Okinawa sont très nombreuses on en compte environ une vingtaine. Cependant ces dernières ne sont que très rarement toutes étudiés en occident au sein d’une même école. On pourrait même aller jusqu’à dire que seulement 5 armes sont principalement étudiées en occident.  Ces dernières sont :

-le bo : ou baton long est la première arme étudiée par le pratiquant. En principe, il mesure 1m82, possède une section ronde, et nécessite un maniement à deux mains. Il a cependant existé dans l’histoire un grand nombre de bâtons différents tant par leur taille que par leur forme. Dans le kobudo d’Okinawa les positions prises durant l’étude du bâton sont des positions relativement basses se rapprochant de celles du karaté contrairement à son étude au Japon où les positions sont en général plus hautes.

 

-le saï : il s’agit d’une sorte de trident court métallique dont la pique centrale est plus longue et dont les deux piques latérales sont légèrement courbées ce qui forme une garde. Le saï est traditionnellement forgé en une seule pièce de métal, et la pique principale possède soit une section arrondie, soit une section octogonale.  Traditionnellement, il est étudié par paire. A l’origine, un troisième saï était glissé dans la ceinture du pratiquant au cas où il lançait un de ses saïs sur un adversaire ou si l’une de ses armes se brisait. Le saï connait deux prises fondamentales. Dans la première il est saisi comme un couteau, le pouce reposant sur le centre de la garde et la pointe dirigé vers l’adversaire. Dans la seconde saisie, le saï est positionné contre l’avant-bras ce qui permet des blocages très proches du karaté et des frappes avec le pommeau rappelant des tsukis.  La difficulté dans le travail de cette arme réside dans le fait de passer d’une prise à une autre ce qui nécessite une certaine souplesse du poignet et une grande adresse quand cette arme est utilisée par paires.

 

-le nunchaku : ou fléau est très connu du public européen notamment grâce à Bruce Lee qui popularisa l’arme grâce à ses films.  Cette arme est composée de deux rondins de bois d’une trentaine de centimètres reliés par une corde ou une chaine à l’une de ses extrémités. Bien que l’on voit de nombreuses démonstrations plutôt impressionnantes de cette arme, la réelle pratique de cette arme dans une optique de combat est bien moins impressionnante. La difficulté de cet arme réside bien entendu dans son coté souple qui rend le contrôle de cette arme plus difficile. Cependant cette souplesse permet une plus grande variété d’attaque ainsi que des frappes sous des angles inattendus.

 

-le tonfa : cette arme est à l’origine de celle utilisé actuellement par certains membres des forces de l’ordre. Cependant contrairement à l’arme utilisé par nos forces de l’ordre, le tonfa traditionnel est en bois et possède une section plus large au niveau de la poignée si le reste de la section est ronde, ou une section carré. De plus dans le kobudo d’Okinawa, le tonfa est utilisé par paires. Cette arme semble avoir été à l’origine un manche sur lequel on encastrait une meule de pierre pour moudre le grain. Il existe un grand nombre de saisies du  tonfa, cependant, dans la plus commune de ces saisies, le corps de l’arme est situé vers le bas. On distingue alors deux situations ;  soit la partie longue est contre l’avant-bras et alors les techniques utilisées sont très proches de celles du karaté, soit la partie longue prolonge l’avant-bras, ce qui permet  une plus grande allonge. Toute la difficulté dans l’utilisation du tonfa réside dans le passage d’une saisie à une autre ce qui nécessite un gros travail sur la saisie de l’arme.

 

-le kama : est une simple faucille utilisée par les agriculteurs à Okinawa. Cette arme utilisée dans de nombreux arts martiaux sous diverses déclinaisons et même par d’autres écoles d’arts martiaux japonais, connait un certain nombre de déviances comme le kusarigama qui est un kama sur le manche duquel est accrochée une chaine lestée. Dans le kobudo d’Okinawa cette arme est utilisée par paires.

 

A côté de ces 5 grandes armes il existe un large arsenal dont l’étude est beaucoup plus rare en occident.  Parmi ces dernières on trouve :

 

-l'eku : une rame utilisée par les pêcheurs d'Okinawa, cette arme est dévastatrice  et possède des techniques se basant entre autres sur la naginata et le bo.

 

-le sansetsukon : Il s’agit d’une sorte de nunchaku mais possédant trois branches. On en trouve de petite taille proches de celle du nunchaku et d’autres dont la longueur totale peut aller jusqu’ à 1 m 80.

 

-le suruchin : il s’agit d’une chaine lestée aux deux extrémités.

 

-le nunti : il s’agit d’un harpon utilisé par les pécheurs de l’archipel.

 

-le seiryuto et le chimbe (ou timbe) : il s'agit d'une machette et d'un bouclier souvent en carapace de tortue mais pouvant être en bois ou en métal.

 

-le rochin : c'est un pieu qui s'utilise, comme le seiryuto, avec le timbe.

 

-le tekko : sorte de poing américain à l’origine en bois très dur puis plus tard en fer.

Les armes du kobudo

La pratique du kobudo

Karaté et kobudo

 

En règle générale, on estime que pour bien progresser en kobudo, il faut être pratiquant de karaté.

En effet, de nombreuses techniques, principes, positions et déplacements sont similaires dans les deux arts. Il sera de plus aisé, pour le pratiquant, de commencer à étudier des principes sans armes pour ensuite les appliquer avec ces dernières.

Par exemple, l’un des principes communs à ces deux disciplines est l’utilisation de la force abdominale. L’ensemble des techniques du kobudo partent du ventre (hara) ce qui permet de faire travailler l’ensemble du corps lors de la réalisation des techniques.  Un autre point important du kobudo d’Okinawa est le kime, une mobilisation forte et instantanée de l’énergie dans un coup ou un blocage.

 

Les exercices 

Encore une fois les exercices en kobudo sont très proches de ceux du karaté. On retrouve tout d’abord le Hojo-undo qui est équivalent des kihon de karaté c’est-à-dire la réalisation de techniques de base telles des attaques, défense puis contrattaque, déplacements, etc… ce type d’exercice permet au pratiquant de se familiariser avec son arme et d’apprendre les techniques hors du contexte du kata.

 

Le principal travail pour les pratiquants de kobudo d’Okinawa tournera autour des katas. Ces derniers peuvent être divisés en deux groupes les katas de base qui sont simples et permettant d’apprendre les bases de l’arme. Ces katas sont souvent de confection plutôt moderne et ont surtout un but pédagogique, ce qui permet, d’un certain point de vue de les rapprocher de la série des Heian du karaté shotokan.

 

Les katas plus avancés eux sont en général, beaucoup plus complexes à apprendre et ont pour but d’apprendre à utiliser le plein potentiel de l’arme. Bien que certains soient anciens, un grand nombre d’entre eux possèdent des divergences d’une école à l’autre et d’un maître à l’autre. De plus, certains katas ne sont étudiés que par certaines écoles du fait de leur origine géographique.

 

Il n’existe en principe pas d’assaut dans le kobudo d’Okinawa qui veut rester un art martial traditionnel et ne pas devenir un sport. Cependant des séquences de combats codifiées peuvent être pratiquées pour les personnes ayant atteint un haut niveau.


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