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CAMI / Défi Sport & Cancer :  karaté-do !

 

Pour lutter contre la fatigue liée au cancer, bouger !

La fatigue est le premier symptôme décrit par les patients porteurs de cancer, avant la douleur ou la dépression, et ce quelque soit le type de cancer. Cette sensation d’épuisement persistant et habituel interfère avec la vie quotidienne et ne cesse pas avec le repos. Elle survient chez la quasi-totalité des patients recevant une chimiothérapie ou une radiothérapie et peut durer sur plusieurs années. Cette fatigue modifie considérablement la qualité de vie des patients. Elle provoque une augmentation du taux de dépression et d’anxiété et des perturbations dans les relations avec l’entourage et les soignants, qui amènent le patient à douter de ses facultés physiques et psychiques.

Le contrôle de cette fatigue a contrario aboutit à une amélioration de l’ensemble de la qualité de vie et devient un objectif fondamental. Les traitements de la fatigue sont actuellement limités. Plusieurs essais thérapeutiques montrent que le recours à un exercice physique régulier diminue la fatigue et améliore la qualité de vie en cours ou au décours des soins.

C’est ce que s’attache à démontrer depuis plusieurs le Docteur Thierry Bouillet, oncologue et radiothérapeute, spécialisé sur le rapport existant entre l’activité physique et le cancer. Il présente l’impact bénéfique d’une t’elle activité lors de congrès médicaux d’une grande attention pour son expérience de la CAMI, dont il est co-fondateur.

Qualité de vie

Une synthèse des différents essais pratiqués démontre que l’exercice physique en cours de soins en cancérologie améliore la qualité de vie et aboutit à une réduction des symptômes secondaires de la maladie cancéreuse et de son traitement. L’activité physique dirigée après cancer du sein permet d’accroitre les capacités physiques, d’améliorer la qualité de vie et de diminuer la fatigue.

Outre cet effet sur la fatigue, l’exercice physique permet de limiter la prise de poids au décours du traitement du cancer du sein, prise de poids qui est associé à la diminution de survie dans les cancers du sein.

Le discours classique du corps médical « Vous avez un cancer, reposez-vous ! » va donc changer puisque les études le démontrent, il faut inciter les patients à pratiquer une activité physique s’ils n’en pratiquaient pas jusque-là ou à poursuivre.

Si le patient ne pratique pour l’instant aucune activité, que lui proposer ? Avec quelle fréquence ?

On conseille un exercice régulier trois fois par semaine, dès le début du traitement. Une marche rapide, un footing, de la gymnastique, peu importe : l’objectif est d’avoir un travail des quatre membres.

Convaincus par tous ces constats, le Docteur Thierry Bouillet et Jean-Marc Descotes, professeur de karaté-do, ancien sportif de haut niveau, créent en février 2000 la CAMI, association de type loi 1901, à but non lucratif, présidée par Daniel le Héron, ancien malade. Ce nom curieux a été donné en référence au terme japonais Kami qui signifie divinité. C’est d’ailleurs le sens des kanji (idéogrammes) présents sur le logo de l’association s’imposant sur le « crabe ». La CAMI a pour objet de promouvoir, d’organiser, de gérer la pratique et l’enseignement des Arts Martiaux pour les malades atteints de pathologies cancéreuses au cours et au décours de traitements.

Les cours de la CAMI sont réalisés volontairement en dehors de toute structure hospitalière et sont dispensés dans des structures sportives à Neuilly sur Seine.

 

 

Docteur Thierry Bouillet : Oncologue, Radiothérapeute – Cofondateur de la CAMI

 Cancérologue des Hôpitaux au sein du CHU Avicenne, chargé de cours à l’université Paris XIII, directeur médical de l’institut de radiothérapie des hautes énergies à Bobigny et chef de service de cancérologie à l’hôpital Américain de Paris.

S’appuyant sur sa propre expérience de pratiquant d’arts martiaux, ceinture noire de karaté, 2ème Dan, et le mieux-être que cela lui procure, il décide en 1998 de tenter d’utiliser ce vecteur pour aider des patients en rémission mais souffrant toujours d’effets secondaires affectant leur qualité de vie. Il charge Jean-Marc Descotes de dispenser les cours et devant le succès de cette initiative, ils fondent deux ans plus tard l’association CAMI,  Cancer Arts Martiaux Information.

Parallèlement, il entreprend des recherches pour savoir si des tests ont été effectués pour mesurer l’impact de l’activité physique sur la pathologie cancéreuse. Il découvre en 2002 les premiers essais validant les effets bénéfiques de l’activité physique. Depuis 2003, il intervient dans de nombreux congrès médicaux comme spécialiste de l’activité physique et du cancer, à la fois pour présenter les essais thérapeutiques mais surtout pour parler de l’expérience unique de la CAMI, qui est le pont entre les recommandations médicales et son application concrète.

 

 

Cancer et Karaté-do 

 

 

Entretien avec Jean-Marc Descotes / Professeur diplômé d’état, 5ème Dan karaté-do, Cofondateur de la CAMI.

Ancien sportif de haut niveau, membre de l’équipe de France JKA et de l’équipe de France WSKA, vainqueur de la coupe de France JKA et de la coupe d’Europe JKA, vice-champion d’Europe en combat individuel et vice-champion du monde en combat par équipe, Jean-Marc Descotes arrête ses études de mathématiques pour se consacrer entièrement à la voie du karaté. Il rencontre Thierry Bouillet en 1997 au sein de l’équipe de France JKA, alors médecin de l’équipe nationale. Un an plus tard, il commence à donner des cours au sein du karaté Club de Neuilly, présidé par Thierry Bouillet et dans la foulée, dispense ses premiers cours pour des gens atteints de pathologies cancéreuses. En 2000, année de naissance de la CAMI, il tire un trait sur la compétition pour se consacrer à l’enseignement. Il entreprend par ailleurs des recherches pour amener les corps fragilisés par les effets secondaires des traitements à mieux appréhender le karaté-do, afin de créer un lien entre les philosophies d’Extrême-Orient et le travail physique. Après quelques années passées auprès d’un professeur de karaté-do internationalement reconnu, il crée une méthode de travail qui est aujourd’hui la base de l’enseignement de la CAMI.

Jean-Marc, qu’est-ce que le karaté-do ?

Le karaté-do est un art martial ancien visant à l’acquisition des moyens de vaincre l’ennemi sans l’utilisation d’une arme. Son nom vient de l’association de « kara », vide, et « Té », la main. L’adjonction du suffixe « Do », voie, indique que l’art du combat à mains nues est aussi pour le pratiquant une entreprise introspective et philosophique.

Cancer et karaté-do, ne s’agit-il pas là d’une juxtaposition surprenante ?

Effectivement, à première vue, cela peut paraitre surprenant, voire incongru. Le karaté-do, pratiqué avec une approche spécifique, permet à l’élève de reprendre confiance et de se réapproprier son schéma corporel. C’est un moyen idéal de rééducation sportive des patients cancéreux et il convient parfaitement aux femmes atteintes d’un cancer du sein. Vous le voyez, il n’existe donc pas d’opposition entre karaté-do et cancer.

En quoi ce sport peut-il apporter une aide au patient atteint d’un cancer ?

Le karaté-do est une méthode d’autodiscipline qui développe le caractère au travers de l’entrainement, par l’acquisition de techniques physiques et un travail psychique. Il peut donc aider un patient atteint d’un cancer à mieux assumer les difficultés liées aux traitements de la maladie, l’aider à surmonter la fatigue et donc à améliorer sa qualité de vie.

Comment se déroulent les cours ?

L’entrainement débute par un travail seul qui permet de renouer une relation avec soi-même puis s’approfondit à deux, dans une expérimentation de l’altérité et de l’échange, le tout dans un lieu fermé, protégé du regard des autres, dans la tenue du pratiquant, le karaté-gi, qui efface les différences sociales et culturelles évidentes.

Dans notre association, le programme des cours s’étale sur dix mois et demi, de début septembre à mi-juillet.

Nous proposons actuellement différents cours (10 à12 élèves par cours) : karaté-do, stretching, bioénergie et méditation zen. Il existe une relation étroite entre le médecin et les enseignants. Tous les cours sont encadrés par des enseignants formés à la pathologie cancéreuse, aux traitements de cette pathologie et à leurs effets secondaires. Toutes les disciplines font l’objet d’une connaissance poussée et d’une approche spécifique, tant sur l’anatomie du mouvement, la maitrise des principes de la respiration, la connaissance des principaux systèmes nerveux, lymphatiques, musculaires, osseux, la maitrise des rapports psychopédagogiques liés au particularisme des élèves ou encore la connaissance des philosophies d’Extrême-Orient.

Actuellement, nous accueillons des élèves de 18  à 75 ans, dont 69°/ de femmes. Coté pathologies, 46°/ de nos élèves ont un cancer du sein.

Témoignages

Pour moi, le cancer arrive comme une sonnette d’alarme pour dire que l’on ne s’est pas assez occupé de son corps. Trop longtemps oublié, négligé, ce corps se rappelle tout à coup à votre bon souvenir pour crier que quelque chose ne va pas, pour qu’enfin on l’écoute. Le cancer est en fait le moyen ultime utilisé par l’organisme pour dire : Stop, il y a une distorsion entre tes désirs profonds et la réalité de ton quotidien. La maladie intervient comme révélateur d’un profond dysfonctionnement, pour indiquer à l’individu qu’il doit se poser, s’occuper de lui et de vivre en cohérence avec lui-même. C’est là que la CAMI peut l’aider à se réconcilier avec son corps. Tout d’abord se recentrer sur soi, prendre conscience de son être physique, sortir enfin du mental pour être dans le ressenti. Puis réapprendre à aimer son corps surtout lorsqu’il a été mutilé comme dans le cas d’une mastectomie.

Apprendre à y mettre de la coordination. Le corps est une machine parfaite, qui s’est emballée dans le cas du cancer. Il s’agit de se réapproprier chaque partie de son corps pour parvenir à un tout harmonieux. Et puis y mettre de la force, c’est-à-dire de la conviction. Nous avons tous en nous une force vitale qui ne demande qu’à s’exprimer, un trop plein de non-dits qui ne demandent qu’à sortir dans le cri du « kiai » utilisé dans le karaté-do. En réapprenant la respiration, la coordination des mouvements, la CAMI permet de retrouver une maitrise de son  corps, condition sine qua non à toute guérison.

C’est un art qui est basé sur la réunification de la tête et du corps. Le karaté-do redonne confiance à l’individu. Après le traumatisme initial, le fait de ré apprivoiser sa « matière » se révèle souvent salutaire. Même si les progrès ne sont pas fulgurants dans la pratique de cet art martial (chacun fait selon ses possibilités), le patient y découvre la satisfaction de mieux se connaitre, d’œuvre pour son bien-être personnel et de prendre sa guérison en mains.

Le travail à la CAMI induit humilité, sagesse et détachement qui font forcément partie de toute thérapie…… Florence

« Kiai » (à voix basse)

Cancer, quand le crabe vous écrase. Le crabe dans le corps et la tête. Tout est foutu. Que puis-je faire face aux pinces de la peur ?

« Kiai » (à voix un peu moins basse)

Le toubib a prescrit : pilules, chimio, radiothérapie, et quoi encore ? Karaté-do ?

Faire du karaté-do ? Il n’est pas bien, ce mec ! Moi, je suis un scribe, un intello, pas un sportif ! Bah, on verra bien… Salut, Samouraï, elle est belle ta ceinture toute noire, tout un poème du corps !

« Kiai » (à voix distincte)

J’ai mal partout et suis raide comme un vieux cep de vigne ! Je croyais que le crabe aurait ma peau d’intello et j’y suis encore, trois ans après !

Le do de karaté, ça veut dire la voie, le chemin. En attendant, j’en ai plein le dos, et les reins, et le cou, et les poings, tes kata sont des catastrophes, Jean-Marc !

« Kiai » (à voix haute)

Je frappe mieux contre la peur ! Ca n’est pas une vie de revivre !

Je râle et râle et râle mais j’en ris aussi à l’heure dite des coups de gueule et de courage et des grandes rigolades jaunes, tous ensemble ! C’est dur mais je dure et perdure… Et si je gagnais aujourd’hui ? En garde, crabe, que je t’écrase ! Après tout, je ne suis pas mort ! Je suis debout, encore vivant. Mon poing nu est petit, mon corps pense trop mais je vis dans mon corps !

« Kiai » (à voix très haute, comme un cri)

Je ne dis pas : tout est gagné, mais je crie : rien n’est perdu !

Je mords la mort pour la vie ! Je crie l’instant ! Le travail du corps ! Le maintenant qui dure ! Au tapis, vieille trouille de  mes deux ! A demain, après-demain, en garde, petit moi qui deviendra moins petit, peut-être, un de ces jours ? On ne sait jamais ? Toute vie est belle !..... Jean-Luc

« Je pratique le karaté-do pour me battre contre le cancer, garder la force, l’énergie morale at physique…. Je viens aussi rester vigilante face à la maladie. » …..Marie-France

« Pourquoi je fais l’effort de traverser Paris pour une heure de cours ? Je n’ai qu’une seule réponse : karaté-do, je m’amuse ! »….. Nicole

« On se rend compte que malgré la fatigue on arrive à faire quelque chose et ça nous surprend. »…… Jémina

« Quand on est ici entre nous, on parle de tout sauf du cancer. »…….Michel

« Nous sommes dans un lieu où nous sommes tous malade ou ancien malade et il y a beaucoup d’amitié, d’entraide, on peut parler et on est compris. » ……Dominique

« Quand le Dr Bouillet, après les traitements, m’a conseillé de pratiquer le karaté-do, j’ai eu l’impression qu’il me parlait en martien ! J’ai en fait découvert une voie authentique qui recoupe d’autres quêtes qui me passionnent. Je croyais mourir assez vite. Je ne suis pas mort. »…… Eric


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